Oui il m’est souvent arrivé d’avoir honte de mon corps et de ne pas être à l’aise avec la séduction. Oui je n’arrivais pas à accepter un compliment. Oui j’ai détesté le regard que les hommes posaient sur moi, pensant qu’il s’agissait de perversion ou juste une envie de m’utiliser. Oui, petite, j’ai expérimenté le rejet, l’incompréhension face au comportement de mon père envers moi et cela a biaisé en grande partie la relation que j’ai eu avec les hommes. Oui j’ai expérimenté l’impuissance, de ne pas avoir osé dire non à cet adulte (qui n’est pas mon père je précise) qui m’a caressée lorsque je n’étais qu’une enfant. Oui je me suis sentie rejetée quand les garçons qui me plaisaient préféraient ma sœur. Quand je me sentais mal à l’aise dans un grand groupe et préférais m’isoler.  Puis avec ce mec qui m’a trompée et tellement rabaissée.. Suite à cela, mon corps a voulu me protéger, il m’a mis une énorme carapace autour de moi. Car oui ça fait mal de faire confiance, d’aimer et de se faire trahir. Mon cœur s’est fermé à double tour. Ne plus ressentir pour ne pas souffrir et détester ce corps qui ne faisait que me sentir rejetée.

Puis un jour, ce n’est plus possible de vivre autant anesthésiée de tout. Vivre sans ressentir l’amour que les autres nous portent et sans ressentir l’amour qu’on a pour eux. Car ce n’est pas possible de ne plus ressentir uniquement les sentiments douloureux ; la joie, l’insouciance étaient également parties. Je me reconnecte progressivement à moi, à certains ressentis, en acceptant de les voir mais de loin. Je ressens beaucoup pour les autres mais souvent coupée de ce que je peux ressentir pour moi ou alors je n’écoute pas car tellement focalisée sur le fait qu’il faut aider les autres, faire pour être aimée, je me perds, je m’épuise. 

Il faudra du temps pour en arriver à : « je suis assez », « on peut m’aimer pour qui je suis », « JE peux m’aimer pour qui je suis ». Et lorsque je vais dans mon cœur, le regard des autres et ce qu’ils pensent a très peu de poids, je ne cherche plus de validation extérieure. Je me sens vivante, connectée, remplie. 

L’amour est la clef et je ne veux plus perdre la clef qui me permet d’ouvrir mon cœur. Cela me demande encore un effort de m’ouvrir car la peur rôde toujours. Mais je prends soin de ces parts de moi qui ont besoin d’être vues et reconnues et n’attends plus que ce soit les autres qui le fassent. Et ça change tout. Je suis responsable de mon bonheur et c’est comme si je disais une deuxième fois OUI à la vie. 

Mon corps n’a absolument pas changé mais j’ai décidé de changer le regard que je porte sur lui et d’être reconnaissante de l’expérience humaine qu’il me permet de vivre. Je choisis de faire de mon parcours de vie une force car ce chemin vers l’acceptation de ma féminité me permettra d’accompagner, à mon tour, des femmes sur ce chemin de (re)connexion.

Avec Amour