Lorsque j’étais enceinte de ma fille, je souhaitais allaiter. Je ne m’étais pas vraiment renseignée car j’ai
beaucoup travaillé durant ma grossesse et j’ai principalement mis l’accent sur la préparation à
l’accouchement avec l’Hypnonatal. Lorsqu’elle est née, j’ai très vite été confrontée à beaucoup de pleurs
et peu de soutien de la sage-femme qui m’accompagnait. Ne sachant pas vers qui me tourner car peu

discuté de l’allaitement autour de moi, je me suis sentie sans ressources. Un jour, j’ai appelé la sage-
femme et elle m’a dit qu’elle n’était pas disponible, elle m’a dit que si ça n’allait pas, je ne devais pas me

prendre la tête et donner un biberon. Mon mari a proposé d’essayer et en voyant ma fille le boire à toute
vitesse la culpabilité m’a envahie et la cascade vers la fin de l’allaitement a commencé pour moi.
Quelques jours après, elle était à 100% au biberon.
Je l’ai très mal vécu. Pour moi, il n’était pas possible qu’une maman n’ait pas de quoi nourrir ses enfants.
Est-ce cela qui a initié la dépression que j’allais vivre quelques mois après ?

Lorsque je suis tombée enceinte de mon deuxieme enfant, une discussion avec une voisine m’a permis de
prendre connaissance de la « Leche League » et du livre qu’ils ont écrit. Je me suis empressée de le
commander ainsi que leur « Petit mémo de l’allaitement ». Cela a confirmé ce que je pensais, je ne
manquais pas de lait, j’ai juste été très mal accompagnée et pas soutenue. J’en ai fait un combat
personnel car je voulais absolument « réussir » à allaiter et je m’étais mis un sacré objectif : au moins un
an. Dans ce livre, il est bien écrit que l’allaitement répond à la loi de l’offre et de la demande donc je
n’étais pas seule actrice de l’allaitement et que mon bébé allait y participer activement.


Lorsque Maël est né, les 48 premières heures il tétait bien et beaucoup. Une fois rentrés à la maison, j’ai
été rattrapée par cette pression de la courbe de poids. Je me suis mise à stresser, cette peur viscérale
que mon bébé pouvait mourir s’il n’avait pas assez de lait. J’ai complété à contre cœur pendant
quelques jours. Il a bien pris du poids mais je savais que ce n’était que passager car une fois l’arrêt de
compléments, le poids allait stagner. Je me suis accrochée comme j’ai pu, en stimulant ma lactation
avec un tire-lait. Maël était très somnolent au sein et les tétées duraient longtemps. La sage-femme n’a
pas voulu me croire quand j’ai parlé de freins restrictifs. J’ai pris rendez-vous avec une conseillère en
lactation (Maël avait un peu plus d’un mois) qui m’a confirmé qu’il avait 2 freins (lèvre supérieure et
langue). J’ai fait des exercices d’assouplissements qui n’ont pas résolu le problème. Pendant ce temps,

je tirais mon lait après chaque tétée, de jour comme de nuit (heureusement que nous dormions en co-
dodo) et lui donnais ce complément avec le DAL (un dispositif qui permet de ne pas utiliser de biberon

afin d’éviter une possible confusion sein-tétine). Tout cela me prenait environ 1h entre la tétée et le
complément, j’avais environ 2h de répit et ça recommençait. J’ai passé des premiers mois bercée par
l’angoisse, la tristesse que cet allaitement soit aussi difficile. Je délaissais ma grande et je culpabilisais
tellement car en plus de devoir faire face à son nouveau statut de grande sœur, je la confrontais à cette
maman très peu disponible. Elle m’aidait à s’occuper de son frère et on a lu beaucoup beaucoup
d’histoires assises sur le canapé pendant que j’étais branchée à mon tire-lait. Danaé connaissait même
les mots téterelle, DAL, et elle savait me préparer ce qu’il fallait, elle était aux petits soins pour moi.
Mon mari m’a énormément soutenue car il s’en voulait pour le premier allaitement. A plusieurs reprises, il
a quand même dit qu’il ne comprenait pas mon entêtement à vouloir poursuivre car j’étais coupée du
monde, sans cesse dans l’angoisse car un allaitement aussi « mécanisé » ne se prête pas bien à des
sorties. Il m’a poussée à faire un bijou en lait maternel pour garder un souvenir de cet allaitement car
même si pour moi il n’était pas réussi tant que c’était un allaitement partiel, lui n’était pas d’accord.
Cela a été encore pire lorsque nous avons coupé les freins à Maël (a 2 mois 1⁄2). Il n’arrivait plus du tout
téter, comme s’il avait la bouche anesthésiée. J’ai complété +++ au DAL et continué.. . Puis environ 1
mois après, j’ai commencé à diminuer les compléments, quelques ml par tétée, pour arriver à zéro. Et là,
j’ai vu à quel point ça a été difficile de me faire confiance, de me dire « tu as assez, respire. » Nous
avons poursuivi et Maël a commencé à manger des purées et là j’étais rassurée, autre chose pouvait
aussi le nourrir. Nous avons poursuivi l’allaitement 13 mois de nuit et 16 mois en journée. J’ai
énormément apprécié ce lien qui nous unissait. Ce qui m’a encouragée à sevrer la nuit c’était la fatigue
extrême car Maël restait éveillé pendant 1h au milieu de la nuit. La transition avec un biberon de lait puis
d’eau s’est très bien passée. Par la suite il a pu dormir dans son lit sans souci.

Je ne regrette en rien de m’être autant battue et je sais aujourd’hui que je suis passée par là pour
acquérir des connaissances solides sur l’allaitement pour soutenir les mamans dans ce merveilleux
projet qui est un véritable don de soi. Merci la vie, merci mon fils, ma fille, mon mari et les merveilleuses
consultantes en lactation qui m’ont énormément soutenue. Aujourd’hui je peux enfin dire que je suis
fière (et que j’ai un sale caractère qui ne veut rien lâcher… )